Jour férié un jour de repos : comment gérer dans les cabinets médicaux et dentaires ?

Ce que dit la loi (et ce qu’elle ne dit pas)

La première chose à avoir en tête, c’est que le code du travail ne prévoit pas de compensation automatique quand un jour férié tombe sur un jour de repos.

🧾 Exemple classique :

Un salarié ne travaille jamais le jeudi.

Si le 1er mai (jour férié et chômé obligatoire) tombe un jeudi cette année-là, il ne bénéficiera pas d’un autre jour en remplacement, sauf si une convention ou un usage le prévoit.

Jusqu’ici vous nous suivez ?

👉 En résumé :

• Pas de compensation d’un jour férié dans le code du travail de base.
• Les règles peuvent changer selon la convention collective, un accord d’entreprise, ou un usage établi

🛠 À faire côté RH :

• Relire la convention collective applicable à votre structure
• Vérifier s’il y a des accords internes (surtout dans petites structures où les usages sont fréquents mais pas toujours écrits. Le travail de détective commence !)

Jours fériés sur jour de repos : ce que vous pouvez faire

Même si la loi n’impose rien, rien ne vous empêche d’adopter des mesures internes plus favorables pour garder un climat social serein, surtout si l’équipe se sent pénalisée.

✅ Option 1 : Maintenir tel quel

Certaines entreprises choisissent de ne rien faire de plus.

Le jour férié tombe sur un jour non travaillé ? Il est “perdu”.

➡️ OK si les règles sont claires à l’avance, informez bien vos salariés en amont

✅ Option 2 : Compenser ou payer

D’autres structures offrent une journée de compensation ou choisissent de gratifier le jour « perdu », notamment quand le férié tombe souvent sur des jours non travaillés à cause des plannings (ex : 35h en 4 jours).

➡️ Cette solution est à valoriser comme un geste social. Ce sont des éléments qui permettent d’augmenter la satisfaction de vos équipes.

Les pièges à éviter dans vos plannings

Quand un jour férié tombe sur un jour non travaillé, il peut y avoir des malentendus. Voici les erreurs les plus fréquentes côté RH :

❌ Penser que tous les jours fériés sont “donnés”

Faux : seuls le 1er mai, et parfois le 25 décembre ou le 14 juillet dans certaines conventions, sont considérés comme obligatoirement chômés et payés.

Les autres peuvent être travaillés selon les cas.

❌ Ne pas avoir les mêmes règles pour tout le monde

Si certains salariés récupèrent un jour férié tombé un lundi (repos habituel), mais pas les autres qui ont repos le jeudi, vous pourriez créer de la frustration.

Anticiper et expliquer les règles à l’avance évite ces tensions, sources d’insatisfaction et de turnover !

❌ Oublier de tracer les récupérations des jours fériés

Si vous compensez un jour férié, notez-le dans le planning ou le logiciel RH.

Cela évite les doubles récupérations ou les oublis.

Nos conseils pour une gestion simple et équitable

📅 Anticipez les fériés dès le début d’année

En tant que RH, prévoyez chaque année, un calendrier avec :

• Tous les jours fériés
• Leurs jours de la semaine
• Les impacts potentiels sur les plannings de chaque équipe

➡️ Cela vous permet d’alerter les collaborateurs très tôt.

📢 Communiquez clairement la règle des jours fériés

Que vous choisissiez de compenser ou non, formulez votre position dans une note interne, et tenez la même ligne toute l’année.

⚖️ Soyez cohérent avec toute l’équipe

Si vous offrez un jour de récup pour le 8 mai tombé un jeudi, ne changez pas d’avis pour le 15 août s’il tombe un mercredi.

La cohérence est la clé de la légitimité RH.

Cas particulier : cabinets médicaux (IDCC 1147)

La convention collective du personnel des cabinets médicaux prévoit une disposition plus favorable que le Code du travail (article 39 – IDCC1147) :

Si un jour férié tombe un jour de repos habituel, le salarié peut choisir entre :

✔️ une compensation (un autre jour de repos à la place)

✔️ ou le paiement de ce jour

🔎 Comment déterminer le « jour de repos habituel » ?

C’est ici qu’il faut connaitre les subtilités ! 

• Pour un temps plein qui travaille tous les jours ouvrables de la semaine, seul le dimanche est reconnu comme jour de repos habituel.
• Pour un temps plein qui ne travaille pas tous les jours ouvrables (ex : travail sur 4 jours avec un jour fixe de repos comme le vendredi), ce jour fixe est un jour de repos habituel, il en a d’ailleurs 2 : le vendredi et le samedi. Dans ce cas, seuls les jours fériés tombant un vendredi ou un samedi sont compensables ou payables, mais pas le dimanche !
• Pour un temps partiel, c’est toujours le dimanche qui est considéré comme jour de repos habituel.

☝️ Les jours de repos habituels sont bien des jours où le collaborateur ne travaille jamais, selon son contrat de travail. Si les horaires sont variables, et que cette semaine là, uniquement, il ne travaillait pas, alors ce n’est pas un jour habituel de repos !

 🔎 Quelques exemples concrets :

👤 Salarié à temps plein, travail du lundi au vendredi (repos samedi/dimanche) : Le 11 novembre tombe un samedi → ✅ compensation ou paiement possible

👤 Salarié à temps plein sur 4 jours (repos vendredi et samedi) : Le 15 août tombe un vendredi → ✅ compensation ou paiement possible

👤 Salarié à temps plein travaillant tous les jours ouvrables sauf dimanche : Le 25 décembre tombe un dimanche → ✅ compensation ou paiement possible

👤 Salarié à temps partiel avec repos le mercredi : Le 8 mai tombe un mercredi → ❌ pas de compensation, car seul le dimanche est reconnu comme jour de repos « habituel » pour les temps partiels.

Ce que dit la convention collectives des cabinets dentaires (IDCC 1619)

!La convention collective des cabinets dentaires prévoit un cadre plus simple :

Les jours fériés tombant un jour de travail habituel sont chômés et payés.

Mais s’ils tombent sur un jour non travaillé, il n’y a ni compensation ni paiement.

Cela signifie que si un jour férié tombe sur un jour où le salarié ne travaille pas habituellement (ex : mercredi pour un salarié à temps partiel), il est perdu, sauf si un usage ou accord d’entreprise prévoit mieux.

🔎 Exemples :

• Salariée à temps partiel travaillant lundi, mardi, jeudi, vendredi. Le 1er novembre tombe un mercredi (jour non travaillé) → ❌ Pas de compensation.
• Salarié à temps plein travaillant du lundi au vendredi. Le 15 août tombe un mardi → ✔️ Jour chômé et payé.

💡 Conseil : certains cabinets compensent ces jours fériés perdus à titre de geste social ou via un usage établi, même si ce n’est pas une obligation conventionnelle.

Travail des jours fériés : garde et astreinte

Lorsque le salarié est amené à travailler un jour férié, cela se fait sous forme de garde ou d’astreinte, avec des modalités spécifiques, qui feront l’objet d’un article dédié 🙂

🔎 Exemples concrets en cabinet dentaire :

• Salarié à temps plein, travaille du lundi au vendredi : Le 15 août tombe un mardi (jour habituel travaillé) → ✅ Jour férié chômé et payé.
• Salarié à temps partiel, travaille lundi, mardi, jeudi, vendredi : Le 1er novembre tombe un mercredi (jour non travaillé) → ❌ Pas de compensation.
• Salarié effectuant une garde le 14 juillet : Chaque heure de garde est rémunérée au taux horaire de base majoré de 100%, ou donne droit à 2 heures de repos compensateur.

Pour conclure sur les jours fériés tombant un jour non travaillé

Un jour férié qui tombe un jour de repos, c’est le genre de détail qui peut vite créer un flou… voire des tensions si ce n’est pas cadré.

Mais en réalité, ce n’est pas si compliqué quand on sait où regarder :

• 📘 Le Code du travail pour la base,
• 📄 Votre convention collective pour les spécificités,
• 🧠 Et votre bon sens RH pour garder l’équilibre dans l’équipe.

👉 Notre conseil ? Anticiper, expliquer, appliquer.

Et en cas de doute, on documente, on communique, et on fait preuve d’un peu de souplesse quand c’est possible.

‼️ Attention toutefois : Il y a beaucoup de subtilités à garder en tête pour bien appliquer les règles sans créer d’inégalités -> Jour de repos habituel, salarié à temps plein ou partiel etc. Il faut toujours étudier au cas par cas.

💡 Et bien sûr, vous êtes toujours libre d’aller au-delà de l’obligation légale si vous en avez les moyens. Offrir un peu plus (comme une journée de récupération quand ce n’est pas exigé) peut être un vrai levier pour un bon climat social.

Parce qu’un RH serein = une équipe sereine